10 Nov Partir sous Kraftwerk à San Francisco
Depuis plusieurs mois je rêvais ITF, une compétition internationale de Dj. J’imaginais le titre mondial et la ceinture qui allait avec.
Je ne savais pas trop quoi présenter car à cette époque j’avais fait le tour des techniques existantes : scratch et beatjuggling.
Impossible de proposer quelques choses de frais avec tout ça.
Quelques temps avant, un copain de production, Aeon Seven, m’avait fait découvrir Pierre Henry.
Je trouvais les compositions de Variations pour une porte et un soupir excellentes et je m’étais dit qu’ un jour je ferai des rythmes dans le même esprit, c’est à dire avec autre chose que des instruments attendus.
Après des semaines d’écoutes et de création sonores diverses et variés, j’avais fini par produire un vinyle avec des centaines de sons.
Parmi eux j’avais mis des bouts de « It´s more fun to compute » de Kraftwerk.
Cependant je n’avais toujours pas atteint quelque chose de plaisant.
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22h13, je regarde mes platines et mon mixeur.
Sur chaque platines 3 boutons éclatants. Un bras s’élance tel un pont de métal au dessus du plateau d’acier.
Il épouse le microsillon avec une infini délicatesse mais parfois il vient frapper sa cale avec une force insoupçonnée.
01h48, tel une étoile filante, une idée se présente…
-Libère cette force!
-Fais jaillir des rythmes!
Dés le lendemain, je suis cette idée en amplifiant les moindre bruits de la platine avec un système de feed-back.
Je pratique longtemps et fini par obtenir des sons aux nuances subtiles et colorés que je n’avais pas encore entendu auparavant.
Je rêve éveillé… J’ai entre les mains cette nouveauté et dans ma chambre de lycéen je vois cette ceinture.
Une autre nuit, sortie de nulle part.
-Libère cette force!
-Mais n’oublie pas ton époque.
C’est bien d’avoir de la nouveauté, mais sans trop réformer.
Il faut amener cette idée en l’introduisant par des choses connus.
Je vais utiliser le vinyle avec les samples de « It’s more fun to compute » que je mélangerai avec des bouts de « Bass-sine » de Deoda sortie sur Under-pressure.
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J’avais 2 minutes de performance où je faisais la preuve de ma maîtrise des techniques actuels avant de pouvoir lancer cette nouvelle idée.
Au final, j’ai gagné à Paris et je suis aller à San Francisco. Le jury me donna la seconde place. Le public lui, siffla ce choix si fort que cela ennuya beaucoup l’organisation.
C’était en 2001 et je n’ai pas eu le titre mondial, mais je l’ai eu l’année suivante.
Boing!